• « Le chef CRI POUNDMAKER a été réhabilité le 23 Mai 2019....


    © Société des Amis de Louis Riel (Friends of Louis Riel Society) 

    RÉCONCILIATION

    RÉHABILITEZ LES CHEFS CRIS !
    POUNDMAKER  ONE ARROW  BIG BEAR

    LE CHEF CRI POUNDMAKER (1) A ÉTÉ RÉHABILITÉ LE 23 MAI 2019.
    RÉHABILITEZ AUSSI ONE ARROW (2) ET BIG BEAR (3) !

     PAR LA SOCIÉTÉ DES AMIS DE LOUIS RIEL

    (TRADUIT DE L’ANGLAIS ET ANNOTÉ PAR ISMÈNE TOUSSAINT)

    Les Amis de Louis Riel (Friends of Louis Riel Society) sont une société non-partisane qui s’est constituée en Colombie-Britannique afin d’engager les soutiens canadiens et internationaux du chef métis à participer à des discussions et des actions créatives visant à lui donner une place correcte dans l’histoire du Canada. Elle a une vision à long terme de la réconciliation entre les Blancs et les Autochtones, susceptible de mener à la reconnaissance de Louis Riel comme « Père autochtone (métis) de la Confédération ».

    La réhabilitation de Poundmaker (Faiseur d’Enclos) [par le gouvernement canadien, le 23 mai 2019], fut seulement un acte de justice partial.

    En 1885, il n’y eut aucune révolte générale crie. Les Cris et leurs alliés menèrent une guerre défensive contre l’agression canadienne qui survint en Saskatchewan. Au début des hostilités : l’exécution à bout portant d’Asseeweyin (4) et d’Isidore Dumont (5) (sous un drapeau blanc de la paix !) par l’éclaireur « Gentleman » Joe McKay, qui était sous les ordres du major Crozier, inspecteur de la Police montée du Nord-Ouest. Cet acte incita One Arrow (Une seule Flèche) et le chef sioux White Cap (Bonnet blanc) à conduire leur peuple et leurs troupeaux dans le village de Batoche pour les protéger des forces canadiennes.

    Le soi-disant « siège de Battleford » (6) effectué par Faiseur d’Enclos se limita à la réquisition de nourriture, après que l’agent des Indiens John Rae, au mépris du traité n° 6, ait refusé d’en attribuer aux Cris en se cachant derrière les murs de Fort-Battleford.

    Lors de la défense de Cut Knife Hill (la Colline du Couteau coupé) par Faiseur d’Enclos et le chef de guerre Fine Day (Jour agréable), on vit le premier laisser la Police montée du Nord-Ouest qui attaquait se retirer, sans se faire agresser de son côté et annihiler. 

    Après la débâcle à Frog Lake (Lac-à-la-Grenouille), [où neuf personnes furent tuées], Gros Ours convainquit le chef Wandering Spirit (Esprit errant) (7) de ne pas lancer un assaut contre Fort-Pitt : il envoya une lettre qui sommait la police de déposer les armes et de quitter le fort – ce qu’elle fit –, sauvant ainsi 68 vies. Puis il veilla en personne à la sécurité de 46 otages civils cris : aucun d'entre eux ne fut tué ou blessé avant d'être relâché.

    Comme on l’avait vu parler à Louis Riel à Batoche, Une seule Flèche fut arrêté. Faiseur d’Enclos se rendit « inconditionnellement » au major-général Middleton (8) et Gros Ours abandonna la partie à Fort-Carlton, alors qu’il aurait pu s’enfuir aux États-Unis avec son fils Imasees. Bien qu’il eût tenté d’endiguer la marée de violence qui avait envahi la colonie du Lac-à-la-Grenouille, on fit porter tout le blâme au « chef Gros Ours, lâche et fauteur de troubles ». En un instant, il devint un « sauvage assoiffé de sang », un « démon bon à être balayé de la surface de la terre ».

    Les trois leaders cris furent envoyés à Régina et jugés pour crime de trahison ; soit pour « avoir  attenté au pouvoir de la reine (Victoria) » [textuellement « avoir fait tomber son chapeau »] et « l’avoir poignardée dans le dos ». Bien que le procès se déroulât en anglais et qu’on interdît à leurs défendeurs de s’exprimer avant la sentence, tous trois furent déclarés coupables et condamnés à trois ans d’emprisonnement au pénitencier de Stony Mountain (Manitoba). Là, ils contractèrent la tuberculose et moururent au cours des trois années qui suivirent. Une seule Flèche repose dans une sépulture voisine de celle de Louis Riel, dans le cimetière de Saint-Boniface (même province).

    Depuis 1985 et le centenaire de la résistance du Nord-Ouest, la façade coloniale s’effondre finalement devant la vérité. Comme Louis Riel et les Métis, les Cris ne cherchaient pas la guerre – ce fut une poussée sur eux et ils résistèrent. Ce n’est pas de la trahison, c’est du patriotisme. La réhabilitation, l’abrogation de toutes les condamnations « pour crimes » et la reconnaissance par le gouvernement canadien d’une injustice ayant eu des conséquences majeures, sont totalement appropriées dans le cas des dirigeants cris, exactement comme elles le sont pour Riel et les Métis.

    Longue vie à l’esprit puissant de Faiseur d’Enclos, d’Une seule Flèche, de Gros Ours, et de Louis Riel !

    Cet article a été repris dans louisriel.org, 24 novembre 2020, http://www.louisriel.org/ArticleView.php?article_id=82

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    NOTES

    1. Poundmaker (Faiseur d’Enclos ou Pîhtokahânapiwiyin ; 1842-1886). Chef cri des Plaines. En 1873, à l’âge de trente-et-un an, il devint une figure importante lorsqu’il fut adopté par Crowfoot (Pied-de-Corbeau), le grand chef de la tribu des Pieds-Noirs. Opposé à la signature du traité nº 6 avec les Blancs, il finit par céder, le bison se raréfiant en raison de la colonisation des territoires, et en 1876, fit entrer son peuple dans une réserve sise près de Battleford (Saskatchewan). Deux ans plus tard, il fut nommé chef de son clan, mais lors du soulèvement des Métis, au printemps 1885, il ne put empêcher un groupe de Cris de participer au pillage de Battleford et de tuer neuf personnes au Lac-à-la-Grenouille (même région), le 2 avril. Le 2 mai, il battit les troupes du colonel William D. Otter lors d’un affrontement à la Colline du Couteau coupé (Cut Knife Hill, même région) et parvint à retenir ses guerriers de poursuivre l’armée qui battait en retraite. Mais il fut contraint de se rendre le 23 mai. Condamné à trois années d’emprisonnement au pénitencier de Stony Mountain (Manitoba), il fut libéré un an plus tard. Cependant, malade et profondément abattu, il s’éteignit dans la réserve de Pied-de-Corbeau, à Blackfoot Crossing (Alberta). Il a été officiellement réhabilité par le gouvernement canadien le 23 mai 2019.

    2. One Arrow (Une seule Flèche ou Pah-yak-as-to-cum ; 1815-1886). Chef cri des Saules.  Né probablement dans la vallée de la Saskatchewan, il chassait le bison dans le sud de cette région. Opposé au traité n° 6, il finit par le signer en 1879 et entra avec son peuple dans une réserve située derrière le village métis de Batoche (même région). Certains historiens racontent que lors du soulèvement des Métis, au printemps 1885,  et en dépit de son âge avancé, il mena ses guerriers sans faillir aux combats du Lac aux Canards, de L’Anse aux Poissons et de Batoche ; d’autres, que sa participation aux hostilités fut minime. Lors de son procès, il ne bénéficia d’aucune représentation, d’aucune traduction en cri, et fut condamné à trois ans de prison. Au terme de la sentence, il nia toute implication dans le soulèvement du Nord-Ouest et accusa même Gabriel Dumont, le chef de la résistance métisse, de l’avoir forcé à se joindre au combat de Batoche. Libéré en 1886 du pénitencier de Stony Mountain (Manitoba) pour des raisons de santé, il s’en alla mourir chez Mgr Adélard Langevin, l’archevêque de Saint-Boniface (même province). Il est enterré près de Louis Riel, dans le cimetière de cette ville.

    3. Big Bear (Gros Ours ou Mistanimaskwa ; 1825-1888). Chef cri des Plaines. Né à Fort-Carlton (Saskatchewan), ce chef de 65 familles dénonça dès 1870 la disparition du bison, l’envahissement des Territoires du Nord-Ouest par les pionniers blancs, ainsi que les traités qui condamnaient les siens à la pauvreté et à la destruction de leur mode de vie. En 1882, il obtint une réserve près de Fort-Pitt (même région) et en constatant l’extrême pauvreté des Indiens qui avaient rejoint ces ghettos, d’arracher des garanties au gouvernement fédéral. En 1884, il échoua dans sa tentative d’unir  2000 autochtones lors d’un rassemblement qui se déroula dans la réserve du chef cri Poundmaker (Faiseur d’Enclos), située près de Battleford (même région). Il se rapprocha alors de Louis Riel, qui rêvait d’établir une république métisse et indienne dans les Territoires du Nord-Ouest, sans toutefois conclure d’alliance effective avec les Métis. Malheureusement, lorsque ces derniers se soulevèrent au printemps 1885, il ne put empêcher un groupe de Cris de sa tribu de commettre des pillages à Battleford et des meurtres au Lac-à-la-Grenouille (même région), le 2 avril. Après s’être rendu le 9 juillet aux autorités, il fut accusé de trahison aggravée de crime et condamné à trois ans d’emprisonnement au pénitencier de Stony Mountain (Manitoba). Libéré en 1887, mais brisé et malade, il s’en alla mourir dans la réserve de Faiseur d’Enclos.

    4. Asseeyiwin (ou Asiyiwin, Ah-si-we-inMachiwi ou Joseph Trottier ; date de naissance inconnue). Membre influent de la réserve du chef cri Beardy (Barbu ou Petit-Barbet), il avait été adopté par Charles Trottier, le chef métis de Prairie Ronde (Saskatchewan). Au printemps 1885, malgré son âge relativement avancé et ses problèmes de vue, il devint capitaine d’une des compagnies de l'adjudant général Gabriel Dumont, chef de la résistance métisse. Mais il fut tué à la bataille du Lac aux Canards (même région) le 26 mars, en même temps que le frère de ce dernier, Isidore Dumont, qui menait avec lui une mission de paix auprès de la Police montée du Nord-Ouest.

    5. Isidore Dumont (1834-1885). Né sur la Terre de Rupert, il était le frère aîné de Gabriel Dumont, futur adjudant-général de Louis Riel et héros de la résistance métisse de 1885. Chasseur de bisons, il combattit en 1851 à ses côtés contre les Sioux, à Grand Coteau (Dakota du Nord), et s’établit en 1872 comme agriculteur à Saint-Laurent (Saskatchewan). Lors des événements de 1885, il devint capitaine d’une des compagnies de son frère, mais fut tué le 26 mars à la bataille du Lac aux Canards (même région), en même temps que le chef cri Asiyiwin, qui menait avec lui une mission de paix auprès de la Police montée du Nord-Ouest.

    6. Selon les historiens Blair Stonechild et Bill Waiserauteurs de Loyal till Death – Indians and the NorthWest Rebellion (Fifth House Publisher, Calgary, 1997 ; Loyaux jusqu’à la mort – Les Indiens et la rébellion du Nord-Ouest), la plus grande partie du saccage de Battleford fut commis par les habitants de la ville eux-mêmes et par les miliciens du colonel William D. Otter qui faisaient route vers la réserve de Faiseur d’Enclos, sise à Cut Knife Hill (Colline du Couteau coupé).

    7. Wandering Spirit (Esprit errant ou Ka-pa-pa-mah-chak-wewPa-pa-mah-chak-wa-yo ; 1845-1885). Chef cri des Plaines. On connaît peu de choses sur sa jeunesse mais ayant combattu les Pieds-Noirs, qui étaient les ennemis des Cris, il fut élevé au rang de chef de guerre au sein de la tribu du chef Gros Ours. Lorsque ce dernier signa le traité n° 6 en 1882 et fit entrer son peuple dans une réserve sise près de Fort-Pitt (Saskatchewan), il éprouva une profonde amertume. Rendu haineux par le comportement de certains agents des Indiens qui affamaient ses compatriotes, il profita du mouvement de résistance des Métis, au printemps 1885, pour attaquer la colonie du Lac-à-la-Grenouille (même région) avec une bande de Cris : ceux-ci y tuèrent neuf personnes le 2 avril. Après avoir vagabondé quelques jours durant, puis tenté de se suicider, il fut transféré au fort de Battleford (même région), jugé sommairement et pendu le 27 novembre avec huit des siens. Voir l’article du Daily Scrum du 27 novembre 2019, repris et traduit dans le site ismenetoussaint.ca : « 134e anniversaire de la plus grande exécution de masse d’Autochtones au Canada »,
    http://www.ismenetoussaint.ca/ArticleView.php?article_id=1191)

    8. Frederick Dobson Middleton (1825-1898). Officier irlandais et canadien. Il effectua toute sa carrière dans l’armée britannique. En 1884, élevé au grade de major général de la Milice canadienne, il commanda la Force expéditionnaire qui écrasa les troupes métisses de l’adjudant-général Gabriel Dumont à Batoche (Saskatchewan), le 12 mai 1885. Après avoir trempé dans une douteuse affaire d’assurances de fourrures, il devint gardien des joyaux de la Couronne à la tour de Londres. Il mourut dans cette capitale.

     

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