• « Génocide Autochtone au nord de la frontière CANADO-AMÉRICAINE

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    GÉNOCIDE AUTOCHTONE AU NORD DE LA FRONTIÈRE CANADO-AMÉRICAINE : LES MÉTIS AUSSI SONT DU NOMBRE DES VICTIMES

    UN BILLET D'AKAKIA (LES DÉLIRES D'AKAKIA, 1ER JUILLET 2021) 

    Ce que nous découvrons, dans toute son horreur (1) n’est pas arrivé spontanément. Cela fait partie d’un plan d’élimination totale de tous les Autochtones du Canada mis en place à la conclusion de la guerre de 1812 (2), et appliquons-nous à ne pas oublier que les Métis ont été les premiers à y goûter ! Évidemment, mon cœur accompagne toutes les familles amérindiennes qui pleurent aujourd’hui leurs morts par centaines et par milliers, mais il faut également se souvenir que les premiers à disparaître sous la houlette des envahisseurs coloniaux anglo-saxons sont les Métis.

    D’abord les Métis de l’Est, éliminés totalement du décor par la fameuse loi de 1851, passée exclusivement pour les autochtones du Bas-Canada, laquelle enlevait à la mère le droit naturel de transmettre à toute sa descendance, son identité, sa reconnaissance et ses droits naturels. Cette loi génocidaire a eu pour conséquence immédiate de faire disparaître de l’univers canadien plus de 90% des Autochtones du Québec, non seulement des statuts législatifs officiels de la colonie appelée à devenir pays, mais également des livres d’histoire. Rarement aura-t-on vu, dans toute l’histoire de l’humanité, un plan d’extinction si totale et si près de la perfection. Et il y eut ensuite le coup donné à nos frères et à nos sœurs Métis de l’Ouest, lors de la guerre que le gouvernement leur a livrée jusqu’à la pendaison de Louis Riel, en 1885.

    Le gouvernement fédéral, coupable au premier titre de cette macabre politique d’extermination, tente de se libérer aujourd’hui de cette tâche de sang indélébile en plaidant pour une réconciliation (3). Facile à plaider quand on est surpris en flagrant délit, avec l’arme du crime dans les mains. Mais pour que cette réconciliation soit possible et significative dans les faits, il faut que les gestes accompagnent les paroles et y inscrire tous les autochtones du pays quels qu’ils soient, et entendons bien Métis et Inuits comme Amérindiens.

    Article paru le 1er juillet 2021 dans le blog de l'historienne métisse Russel-Aurore Bouchard, Les délires d'Akakia, Les délires d'Akakia: Génocide autochtone au nord de la frontière canado-américaine : les Métis aussi sont du nombre des victimes

    NOTES

    1. Entre le 27 mai et le 1er juillet 2021, les restes de 1505 enfants autochtones ont été exhumés à proximité d'anciens pensionnats autochtones ou écoles résidentielles dans plusieurs provinces : Colombie-Britannique, Alberta, Saskatchewan, Manitoba, Ontario. Les recherches se poursuivent dans tout le Canada.

    Apparues dès le début du XIXe siècle, les écoles résidentielles ou pensionnats autochtones étaient des établissements destinés à scolariser, à évangéliser et à assimiler les enfants amérindiens. En fait, il s'y commit jusque dans les années 1980 un véritable génocide humain et culturel : séparés de leurs familles, confrontés à une langue et à des coutumes étrangères, soumis à une discipline brutale et à de rudes travaux physiques, beaucoup de jeunes Autochtones moururent de malnutrition, de maladies et de mauvais traitements. Notre époque a également recensé de nombreux cas d'abus physiques, sexuels et psychiques, ainsi que des stérilisations forcées, des tortures et des meurtres (découverte de plusieurs charniers d'enfants). Avant l'exhumation des restes des 215 enfants à Kamloops (Colombie-Britannique), le 27 mai 2021, on estimait à environ 4134 le nombre des victimes de ces écoles, et la plupart des survivants souffrent encore aujourd’hui de séquelles psychologiques.

    2. La guerre de 1812 opposa deux ans durant les États-Unis et la Grande-Bretagne, entraînant le Canada, alors colonie britannique. De nombreux affrontements eurent lieu dans le Haut-Canada, le Bas-Canada, autour de la région des Grands Lacs, sur la côte Atlantique et aux États-Unis. Une trentaine de tribus de Premières Nations et plusieurs centaines de Métis se rallièrent aux Anglais afin de stopper l'expansionnisme américain. En 1813, sous le commandement du chef shawni Tecumseh (1768-1813), ils remportèrent les batailles d'Ogdenburg (État de New York ; 22 février) et du Fort-Michillimackinak (Michigan, États-Unis ; 17 juillet) ; puis, après sa mort au combat, le 5 octobre à Chatham-Kent (Ontario), celles de la Chateauguay (Québec, 26 octobre ; menée par le capitaine canadien Charles-Michel de Salaberry) et de Crysler Farm (Ontario, 11 novembre). Après la signature du Traité de Gand (1814), qui mit fin au conflit, la contribution des Autochtones à la victoire fut largement négligée, puis oubliée : passant sous la domination des colons britanniques de plus en plus nombreux, ces derniers perdirent non seulement leurs terres mais leur influence politique, sociale, leur autosuffisance et leur autodétermination. 

    3.  Voir l'article de Russel-Aurore Bouchard dans notre site  : « Commission de vérité et réconciliation : sans les Métis du Québec, rien ne pourra être fait dans le bon sens », 21 juin 2015, ISMÈNE TOUSSAINT (ismenetoussaint.ca)

    Entre 2007 et 2015, la Commission de vérité et réconciliation a parcouru le Canada pour recueillir les témoignages des Autochtones ayant subi des sévices dans les pensionnats religieux qui avaient été fondés dès le XIXe siècle, ainsi que pour faciliter la réconciliation entre ceux-ci et les non-Autochtones. Au mois de juin 2015, elle a rendu un rapport officiel concluant que les Premiers peuples avaient été victimes d'un « génocide culturel ». Désormais, seul un réengagement important de l'État pour leur permettre un accès à l'égalité des chances peut paver la voie vers une véritable réconciliation. De nombreux articles de presse sur cette question ont été réunis dans le présent site : voir la catégorie « Dossiers : Autochtones », en haut à gauche, sur notre page d'accueil.
    (Notes d'I. Toussaint)

     

    © Akakia, Les délires d'Akakia -

     

     

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