• Création du WAMPUM des MÉTIS du QUÉBEC

     PAR RUSSEL-AURORE BOUCHARD, HISTORIENNE MÉTISSE1
    (CHICOUTIMI, SAGUENAY-LAC-SAINT-JEAN)

    Création du WAMPUM des MÉTIS du QUÉBEC

         

    Le 29 mars 2021 - Wampum de porcelaine créé spécialement pour marquer l'existence de la nation métisse du Québec. Les motifs représentés marquent symboliquement notre présence et notre existence sur cette terre d'Amérique. De chaque côté, deux chaînes de montagnes (au nord, les Monts Valin et au sud, les Apalaches). Au centre, deux losanges qui marquent la rencontre des deux peuples fondateurs, Européens et Indiens, unis pour l'Éternité dans l'histoire des peuples. La branche de porcelaine représente la cabane commune que nous habitons et partageons. (Réalisation : Russel-Aurore Bouchard, Métisse de la Boréalie québécoise).

     

    MISE EN CONTEXTE

      Création du WAMPUM des MÉTIS du QUÉBEC

    Joseph-François Lafitau2, auteur de Mœurs des Sauvages américains (1724), explique que chez les Indiens de l’Amérique du Nord, « toutes les affaires se traitent par des branches et des colliers de porcelaine, qui leur tiennent lieu de paroles, d’écritures et de contrats. » Ces porcelaines n’ont rien à voir avec la porcelaine de Chine ou de France. « Celle-ci est tirée de certains coquillages de mer, connus en général sous le nom de porcelaines, et distingués par différents noms particuliers que leur donnent les curieux, et qui sont déterminés par la diversité de leurs espèces, de leurs figures et par la variété de leurs couleurs (...) Il y a des porcelaines de deux sortes ; l’une est blanche, et c’est la plus commune. On se sert de celle-là plus universellement, pour faire quantité d’ouvrages dont les hommes et les femmes ont coutume de s’orner. L’autre est d’un violet obscur, elle est beaucoup plus recherchée que la première ; et plus elle tire sur le noir, plus elle est estimée. »

     

    Création du WAMPUM des MÉTIS du QUÉBEC

    La porcelaine qui sert pour les affaires d’État est toute travaillée en petits cylindres de la longueur d’un quart de pouce et gros à proportion. On les distribue en deux manières, en branches et en colliers. Les branches sont composées de cylindres, enfilés sans ordre, à la suite les uns uns des autres, comme des grains de chapelet ; la porcelaine en est ordinairement toute blanche, et on ne s’en sert que pour les affaires d’une légère conséquence, ou que comme d’une préparation à d’autres présents plus considérables. 

    Les colliers sont de larges ceintures, où les petits cylindres blancs et pourpres sont disposés par rangs et assujettis par de petites bandelettes de cuir, dont on fait un tissu assez propre. Leur longueur, leur largeur et les grains de couleur se positionnent à l’importance de l’affaire. Les colliers communs et ordinaires sont de onze rangs de cent quatre-vingts grains chacun. »

    Article paru le 29 mars 2021 dans le blog de Russel-Aurore Bouchard, Le peuple métis de la Boréalie, Chicoutimi, https://metisborealie.blogspot.com/

    NOTES

    1. Né homme à Chicoutimi (Saguenay-Lac-Saint-Jean, Québec), ce n'est qu'en 2007 que l'historien Russel Bouchard osera affirmer publiquement son identité féminine, son « être aux deux esprits » – pour reprendre sa propre expression –, sous le nom de « Russel-Aurore ». Titulaire d'une maîtrise en histoire, cette Métisse écossaise, montagnaise et québécoise, a exercé les professions d'armurière et de conservatrice de musée avant de se consacrer pleinement à l'écriture. Polémiste inspirée par Voltaire, elle s'est fait connaître dans les médias et par le biais de ses blogues, Le Peuple métis de la Boréalie et Les Délires d'Akakia pour ses prises de position tranchées sur les sujets qui fâchent. Avant tout défenseure de ses compatriotes, elle est l'auteure d'une œuvre colossale portant sur sa région (La vie quotidienne à Chicoutimi au temps des fondateurs, 5 vol., 1994-2016; Chroniques d'histoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean, 3 vol., 2011-2015) et sur les Métis : La Communauté métisse de Chicoutimi : fondements historiques et culturels (2005); Le Peuple métis de la Boréalie : un épiphénomène de civilisation (2006); La longue marche du Peuple oublié/Ethnogenèse et spectre culturel du Peuple métis de la Boréalie (2006); Quand l'Ours métis sort de sa ouâche (2007); Les Dits des Métis de la Boréalie – Évocation des textes fondateurs (2008); Naissance d'une nouvelle humanité au cœur du Québec (2013); Otipemisiwak : Ils ont inventé l'Amérique (2016) ; La Piste des Larmes – Un Canadien français témoin du génocide des Indiens des Grandes Plaines (2017); Héros de mon enfance et secrets d'histoire (2019). Pour une bibliographie exhaustive, consulter le site Wikipédia.

    2. Jean-François Lafitau (1681-1746). Missionnaire, enseignant, ethnographe-historien et botaniste français. Originaire de Bordeaux, ce prêtre jésuite et professeur arriva en 1711 en Nouvelle-France et s’établit à Sault Saint-Louis (actuelle ville de Kahnawake). Féru de botanique, il découvrit la similarité entre le ginseng américain et le ginseng chinois, et publia en 1718 un Mémoire présenté au régent du royaume de France, concernant la précieuse plante du gin-seng de Tartarie. Également passionné par la vie et la culture des Iroquois, il fit paraître six ans plus tard un nouvel ouvrage, Mœurs des Sauvages en Amérique, qui comparait les coutumes des sociétés antiques avec celles des Amérindiens, mettant en valeur le système de parité des Iroquois ainsi que l’importance du rôle des femmes. Il est en quelque sorte le « père de l’anthropologie scientifique ».

    (Notes d'I. Toussaint)

     

     

    © Russel-Aurore Bouchard -
    Joseph-François Lafitau -

     

     

     

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